Opinions : Croquis mensuel de Pascal Francq – Juillet/Août 2016
Pascal Francq

Qui peut faire le Jobs ?

Dans les heures qui suivent la mort de Steve Jobs, l’action Apple perd 5% [1]. Celle-ci avait pourtant doublé au cours des deux années précédentes. Les «investisseurs» se demandent donc si Apple est capable de survivre à la disparition de son charismatique CEO.
Pourtant, Steve Jobs luttait depuis plusieurs années contre la maladie, et c’est Tim Cook qui dirigeait de facto le groupe bien avant sa nomination officielle. Certes, les keynotes de Steve Jobs entretenaient la légende de la marque à la pomme. Mais Apple dispose de nombreux autres atouts [2]. Depuis la disparition de Steve Jobs, elle est même devenue la plus grande capitalisation mondiale [3].
Cette «sur-individualisation de la réussite», dans ce cas Apple et Steve Jobs, se retrouve dans de nombreux autres domaines, allant de la recherche scientifique au sport. Mais la réalité montre bien souvent que, aujourd’hui, ce sont des collectifs qui innovent et «gagnent».
Je pense qu’on assiste à une dégénérescence de l’idée de «mérite». Celle-ci s’explique autant par certaines conceptions socio-philosophiques, notamment nord-américaines, que par le développement du capitalisme moderne. Je crois surtout qu’il serait plus juste de privilégier la collaboration au détriment de la compétition.

La sur-individualisation de la réussite

Il s’appellent Steve Jobs, Bill Gates, Mark Zuckerberg, Jeff Bezos ou encore Elon Musk. Ils ont créé les entreprises technologiques Microsoft, Amazon et Tesla Motors. Ils symbolisent la réussite et l’innovation, et sont parfois vénérés comme des demi-dieux.
On nous propose souvent le même film : zoom sur un garage obscur d’une banlieue américaine ; gros plan sur des adolescents surdoués, passionnés de technologies, et en marge du système scolaire, symbole d’un monde passé… mais, grâce à leurs talents, ils édifient un géant industriel.
La réalité est cependant souvent différente. Issus généralement de milieux aisés, de nombreux «innovateurs» fréquentent de surcroît les meilleures universités d’outre-atlantique. Et il n’est pas rare non plus que d’autres personnes, habituellement moins médiatiques, apportent des contributions majeures.
Surtout, peut-on réellement imputer à une seule personne, aussi talentueuse soit-elle, de tels succès ? Si la seule réponse sensée est non, force est de constater que cela va à contresens de nos habitudes. Ainsi, l’histoire retient toujours les «grands généraux» (César, Napoléon, etc.) et jamais les soldats qui crèvent sur les champs de bataille.
Cette sur-individualisation de la réussite existe aussi dans le sport. Prenons le football : on se focalise généralement sur les «grands joueurs», le plus souvent ceux à vocation offensive. Le Portugal se résume ainsi à Cristiano Ronaldo. Ce surhomme serait-il donc capable de marquer, de défendre et d’arrêter un tir à bout portant ? La finale de l’Euro 2016 constitue un début de réponse [A]  [A] Lors de cette finale, Cristiano Ronaldo est sorti, blessé, tôt dans le match. Cela n’a pas empêché le Portugal de devenir Champion d’Europe..
Idem en recherche où un prix Nobel, distinction scientifique suprême, n’est attribué qu’à un maximum de trois personnes. Après la détection du boson de Higgs en 2012, seuls deux scientifiques, qui avaient émis les hypothèses initiales dans les années 1960, furent récompensés. Oubliés, les milliers de chercheurs qui passèrent leur vie à préciser ces hypothèses et à concevoir les expérimentations !
Dans son premier éditorial en tant que nouvel Éditeur en Chef de la prestigieuse revue Science, Jeremy Berg ne dit pas autre chose [4]. Il rappelle que ce sont les interactions sociales qui font avancer la science. En d’autres termes, la collaboration entre chercheurs est bien plus importante que la compétition.
On pourrait penser que, au moment où les prix Nobel furent introduits, la recherche était essentiellement individuelle. C’est peut-être vrai, mais on omet tous les contacts qui existaient déjà entre les scientifiques (lettres, colloques, revues, etc.) et qui faisaient circuler les idées.

Qui était Steve Jobs ?

Aucune biographie n’illustre mieux l’absurdité de cette sur-individualisation de la réussite que celle de Steve Jobs. Son hagiographie, sobrement sous-titrée «La vie d’un génie», fait intervenir une foule de personnes ayant joué un rôle dans sa réussite [5].
Ainsi, bien que n’étant pas issu d’un milieu intellectuel, Steve Jobs avait des parents qui ont rapidement compris ses pré-dispositions. De plus, il habitait à côté de la Silicon Valley, et ses voisins étaient des ingénieurs travaillant pour les entreprises environnantes.
Steve Jobs entretenait de bonnes relations avec certains d’entre eux, dont l’un des fondateurs de Hewlett-Packard. Il a accès tôt à des kits électroniques qui lui ouvrent la porte de l’informatique, et il fut un des adolescents, privilégiés, à participer à des classes organisées par Hewlett-Packard.
Steve Jobs rencontre aussi d’autres passionnés d’électronique, parfois plus doués que lui comme Steve Wozniak. C’est ce dernier qui conçoit la carte des premiers ordinateurs Apple, et c’est Rod Holt qui élabore l’alimentation innovante de l’Apple II.
Steve Jobs ne savait pas programmer [5]. Sans l’aide des nombreux développeurs et techniciens surdoués qui travaillèrent pour lui, on voit mal comment il aurait pu concrétiser ses idées.
Je ne conteste évidemment pas les indéniables compétences de Steve Jobs : son intelligence hors normes, ainsi que sa force de caractère et de conviction. La réussite d’Apple aurait sans doute été impossible sans lui. Mais il n’en reste pas moins que c’est d’abord une réussite collective.
Au-delà d’un indiscutable mérite, Steve Jobs a donc aussi eu la chance d’être né au bon moment, au bon endroit et de rencontrer les bonnes personnes.

Les infrastructures

Le produit qui incarne le mieux Apple auprès du grand public est sans conteste le Macintosh. Lancé en 1984, le «Mac» révolutionne la micro-informatique avec son environnement graphique multi-fenêtres et sa souris. Mais, et on le sait moins, ces innovations viennent d’ailleurs.
C’est en réalité Douglas Engelbart et son équipe qui inventèrent ces interfaces homme-machine dans les années 1960 [6]. Celles-ci seront reprises ensuite par le centre de recherches de Xerox, où Steve Jobs et ses collaborateurs les découvriront avant de se les ré-approprier.
De plus, les recherches de Douglas Engelbart sont financées par l’agence gouvernementale américaine DARPA [B]  [B] Le DARPA est une agence dédiée au financement de la recherche pouvant servir des fins militaires. Ceci dit, beaucoup de recherches financées ont évidemment également des retombées civiles. dans le cadre du développement d’internet [7]. Concrètement, sans les financements publics, Apple n’aurait probablement jamais construit le Macintosh !
Si les États-Unis sont réputés pour privilégier l’initiative privée plutôt que les interventions publiques, il n’en demeure pas moins que les différents gouvernements (fédéral et des États) financent massivement la recherche, aussi bien fondamentale qu’appliquée. Plus que la plupart de nos démocraties dites «sociales» [C]  [C] C’est évidemment le cas en absolu, au vu de la taille des États-Unis, mais c’est également le cas proportionnellement (notamment en parts de PIB)..
De très nombreuses innovations informatiques (internet, intelligence artificielle, interface graphique, système d’exploitation, etc.) émergent de programmes de recherche payés avec des deniers publics. L’une des forces des États-Unis, c’est justement la création d’une «infrastructure de recherche» sur laquelle s’appuient leurs entreprises privées.
Plusieurs études démontrent par ailleurs l’importance d’une «infrastructure éducative» pour le développement d’un pays. Ce n’est évidemment pas un hasard si de très nombreuses universités de l’élite mondiale sont situées aux États-Unis.
L’innovation dépend également de l’existence d’une réelle «infrastructure politique et juridique» (justice indépendante et efficace, lois protégeant l’innovation, transparence, etc.). La corruption est d’ailleurs un facteur entravant l’essor d’une région [8]. Ceci explique la mauvaise transition vers les technologies informatiques de l’URSS, puis de la Russie, et ce malgré la qualité de leurs chercheurs.
Ces infrastructures indispensables nécessitent forcément des formes de collaboration entre les individus, le mécanisme phare étant la combinaison entre l’impôt et la démocratie : le premier permet l’accumulation de ressources partagées par tous, la seconde assure (en théorie) que celles-ci seront utilisées dans l’intérêt général.
La réussite d’une personne ou d’une organisation ne se produit donc jamais ex nihilo, elle s’inscrit toujours dans un contexte socio-politico-économique particulier. Nous sommes tous «encastrés» dans les infrastructures qui nous entourent, au sein desquelles nous puisons des ressources matérielles et immatérielles pour nos réalisations.
Même Warren Buffett, qu’on peut difficilement taxer de communiste, souligne l’importance de la chance dans la réussite [9]. Il ne pense pas qu’il aurait fait fortune en n’étant pas né aux États-Unis dans les années 1930. Il n’y a donc pas que le mérite individuel !

Capitalisme et compétition

Pourtant, les différences salariales, parfois abyssales, entre patrons et employés «normaux», renvoient une autre image. Au Royaume-Uni en 2015, par exemple, un dirigeant d’une grande entreprise gagne 140 fois le salaire moyen de ses employés [10].
Le capitalisme triomphant explique, en partie, ces dérives [D]  [D] La cupidité de l’Homme joue aussi un rôle.. Il érige en effet la compétition entre les personnes au rang de principe fondateur de l’économie, le tout au nom d’une saine concurrence. Je ne m’attarderai pas ici sur l’illusion d’une concurrence parfaite dont de nombreux économistes ont démontré le caractère mythique.
Ce qui m’intéresse plutôt, c’est que le capitalisme assimile la force de travail à une marchandise. En effet, comme on rémunère directement le travailleur [E]  [E] Auparavant, il n’y avait le plus souvent pas de salaires (sauf pour les soldats et certains artisans). Avec l’esclavage, le travail est forcé. Avec le servage, les serfs peuvent généralement cultiver une portion de terre pour subvenir à leurs propres besoins., son «coût» intervient au même titre que celui des autres marchandises nécessaires au procès de production (matières premières, machines, etc.).
Dès lors, la règle de l’offre et de la demande s’applique aux humains comme aux autres marchandises. Tout comme on justifie l’écart de valeur entre l’or et le plomb, on défend des différences de revenus indécentes.
L’idée au cœur du dispositif idéologique est que certaines fonctions, notamment celles de direction, demandent des savoir-faire (compétences, connaissances, etc.) «plus importants» que d’autres. Or, beaucoup moins de personnes disposent de ceux-ci par rapport à ceux nécessaires pour des fonctions «moins importantes». Du coup, les personnes dotées de ces savoir-faire ont «plus de valeur».
Il ne fait évidemment aucun doute que certaines fonctions sont plus stressantes et/ou demandent des savoir-faire spécialisés. Mais l’histoire du Mac, comme tant d’autres, montre que ce sont avant tout des collectifs de savoir-faire qui produisent. «1+1=3» est la réalité, «1=140» est une escroquerie !
De plus, tous les savoir-faire nécessaires à la «réussite» ne sont pas acquis par le seul mérite de celui ou celle qui les détient. Les travaux de Pierre Bourdieu ont bien souligné que les rapports sociaux se définissent par la répartition de plusieurs capitaux : économique, culturel, social et symbolique [11]. Or cette répartition est notamment dépendante des origines socio-culturelles.
Ainsi, on connaît l’importance de disposer d’un «bon carnet d’adresses» pour «faire carrière». Mais celui-ci se construit progressivement au fil des rencontres faites tout au long de sa vie. Des écoles fréquentées aux sports pratiqués, en passant par les amis de la famille, de nombreuses opportunités nous sont offertes en quelque sorte « naturellement » plutôt que gagnées à la sueur de notre front.
La preuve de l’importance de la filiation est que, à côté de réussites nouvelles qui se font au gré des évolutions techniques et économiques, les grosses fortunes restent finalement relativement stables. Des économistes italiens ont, par exemple, montré que les familles les plus riches de Florence sont à peu de choses près les mêmes que celles de 1427 [12]!
Qui peut croire un instant que Steve Jobs aurait eu le même parcours s’il était né le même jour dans le township de Soweto ? Si le capitalisme explique en partie, par la mise en concurrence des travailleurs, la sur-individualisation de la réussite, on peut s’étonner que les éléments que je viens d’esquisser ne parviennent pas à la démonter. C’est qu’un autre facteur, idéologique lui, intervient probablement ici.

L’éthique protestante et l’esprit du capitalisme

Cette seconde justification a en fait des racines religieuses. Max Weber explique brillamment le rôle joué par le protestantisme dans le développement du capitalisme moderne [13]. En particulier, il pointe l’émergence du concept de «profession-vocation».
Selon Max Weber, la profession-vocation trouve son origine dans la doctrine de Martin Luther [13]. Pour ce dernier, la division sociale du travail implique qu’on travaille pour d’autres, d’où l’idée que bien travailler c’est aimer son prochain. Dès lors, bien travailler revient à accomplir la volonté de Dieu.
Alors que l’accumulation matérielle est plutôt perçue comme de l’avarice durant l’Antiquité et au Moyen-Âge, Max Weber montre, à travers une étude des principaux courants du protestantisme ascétique, comment le gain devient une preuve de rigueur [13]. La profession-vocation dans laquelle s’est engagé l’individu par devoir devient alors une activité qui se rapporte extérieurement au seul gain.
Avec le puritanisme anglais, non seulement s’enrichir à travers son travail n’est plus un problème, mais il peut même devenir un commandement [13]. D’où la célébration du self-made man bourgeois aujourd’hui encore au cœur du rêve américain.
Max Weber explique également que pour les Puritains anglais qui débarquèrent sur les côtes américaines, l’accumulation de richesses implique la responsabilité de les faire fructifier [13] [F]  [F] On retrouve quelque chose d’équivalent dans la parabole des talents racontée par plusieurs évangiles. Cette dernière met un scène un maître qui confie à plusieurs serviteurs des talents. Après une période donnée, il demande aux «serviteurs» ce qu’ils en ont fait. Le «mauvais» serviteur s’est contenté de les enfouir et de les rendre tels quels, alors que le «bon» serviteur les a fait fructifier.. Il apparaît donc «plus éthique» d’investir que de consommer.
Cette éthique persiste de nos jours. Ainsi, les entrepreneurs technologiques qui réussissent réinvestissent une partie, parfois importante, de leur richesse dans des startups. Cette création d’un réseau d’entrepreneurs-investisseurs est d’ailleurs l’une des forces de la Silicon Valley [14].
Même s’il baisse, le sentiment religieux reste fort aux États-Unis. Une enquête de 2015 révèle que 76,4% des Américains sont croyants, le protestantisme restant dominant en regroupant 46,5% des Américains [15]. Son éthique reste donc encore influente sur le continent nord-américain.
La dénomination d’ «évangélistes technologiques» pour désigner ceux chargés d’apporter la Bonne Nouvelle Technologique aux masses m’apparaît découler directement de la «profession-vocation» du protestantisme. Vint Cerf, l’un des concepteurs d’internet, en est l’illustration parfaite : il occupe le poste de «Chief Internet Evangelist» chez Google. Son rôle : répandre l’habitus de la Silicon Valley partout et toujours.
Les États-Unis ont progressivement imposé leur hégémonie culturelle aux autres pays, même lorsque le protestantisme y est moins (voire pas du tout) développé, le plus souvent par mimétisme grâce à leur fameux «soft power» (dont la fascination pour la Silicon Valley), parfois aussi par coercition (le «hard power»).
De fait, on entend souvent de nos jours les uns appeler à diminuer les impôts pour les plus fortunés pour «ne pas décourager l’entrepreneuriat», les autres demander moins de régulation pour «stimuler la création d’entreprises». Et ça, malgré le fait que de nombreux riches Américains, en commençant par Warren Buffett ou Bill Gates, trouveraient juste d’être plus taxés.

Revaloriser la collaboration

Mon propos ici n’est pas spécifiquement de critiquer la doctrine capitalistico-libérale, même si je reste plus que dubitatif sur ses bienfaits tant vantés aujourd’hui : il s’agit simplement de montrer que l’origine de la sur-individualisation de la réussite réside dans un contexte économico-religieux particulier.
L’exacerbation de la compétition entres individus, et donc les inégalités de revenus gigantesques qui en résultent, ne sont donc ni une fatalité ni un dégât collatéral ; elles découlent de choix qui sont faits tous les jours, même si la majorité des personnes ne sont pas conscientes des convictions véhiculées.
Mais d’autres modèles existent. L’économie sociale et solidaire (associations, coopératives, mutuelles, etc.) ou encore le développement des logiciels libres et de l’open source incarnent des projets alternatifs. Ils nous montrent que la collaboration fonctionne aussi, et qu’elle aboutit régulièrement à des réalisations supérieures à celles du capitalisme débridé en vogue actuellement.
Martin Luther a cependant vu juste sur un point : la division sociale du travail spécialisé, qui fait de l’Homme l’espèce dominante, implique que nous dépendons tous du travail d’autrui. Un scientifique, des chercheurs qui l’ont précédé; un sportif, de ses coéquipiers et du staff technique; et un entrepreneur, du contexte socio-économique et de ses collaborateurs. Et tous, d’infrastructures publiques.
La reconnaissance collective et mutuelle, ainsi qu’une répartition plus équitable des richesses qui en découlerait, se justifie donc parfaitement sur le seul plan du mérite. De même, des infrastructures publiques de qualité fournissent un environnement indispensable à tous «pour réussir». Reste à savoir quand des projets politiques reprenant ces principes nous seront proposés, et quels sont les électeurs qui les soutiendront. Mais ceci est une autre histoire…

Références

[1] Julia Kollewe, «Apple stock price falls on news of Steve Jobs's death», The Gardian, 2011.

[2] Roger L. Martin, «Can Apple Survive Without Steve Jobs?», Harward Business Review, 2011.

[3] Alain Jennotte, «Après cinq années sans Steve Jobs, Apple est toujours à flot», Le Soir, 2016.

[4] Jeremy Berg, « The Communities of Science », Science, 353(6295), p. 103, 2016.

[5] Walter Isaacson, Steve Jobs, Le Livre de Poche, 2011.

[6] Thierry Bardini, Bootstrapping: Douglas Engelbart, Coevolution, and the Origins of Personal Computing, Stanford University Press, 2000.

[7] Pascal Francq, Internet: Tome 1, La construction d’un mythe, Editions Modulaires Européennes, 2011.

[8] Heinz Welsch, «The welfare costs of corruption», Applied Economics, 40(14), pp. 1839–1849, 2008.

[9] Laza Kekic, «The lottery of life», The Economist, 2012.

[10] Eric Albert, «Les grands patrons britanniques ne connaissent pas la crise», Le Monde, 2016.

[11] Pierre Bourdieu, « Le capital social », Actes de la recherche en sciences sociales, 31(1), pp. 2–3, 1980.

[12] Josh Zumbrun, «The Wealthy in Florence Today Are the Same Families as 600 Years Ago», The Wall Street Journal, 2016.

[13] Max Weber, L’Ethique protestante et l’esprit du capitalisme, 2nd éd., Gallimard, 1920.

[14] Manuel Castells, La Société en réseaux, dans «L’ère de l’information», Fayard, 1996.

[15] Alan Cooperman, Gregory Smith & Katherine Ritchey, America’s Changing Religious Landscape, étude démographique, 2015.