Opinions : Croquis mensuel de Pascal Francq – Octobre 2016
Pascal Francq

Liberté académique ou liberté économique ?

Suite au rejet par la Cour Suprême américaine d’une série de brevets liés à la médecine personnalisée, un article récent de Nature s’interroge sur l’avenir des thérapies prometteuses [1]. Pour l’auteur, s’il est impossible d’obtenir un brevet, et donc de garantir un usage exclusif d’une innovation, le risque existe que les financements manqueront pour mettre au point certaines thérapies.
Les récents développements en médecine, plus particulièrement en matière de génie génétique, offrent des thérapeutiques nouvelles. Mais ces développements impliquent des coûts. Or, actuellement, une partie importante des recherches médicales s’inscrivent dans un contexte capitalistique. La menace, à terme, pourrait être le développement d’une médecine à plusieurs vitesses.
Plus globalement, la recherche à visée technologique (médecine, informatique, etc.) se fait de plus en plus avec les retombées commerciales comme principal objectif. Cela paraît évident lorsqu’elles sont menées par des entreprises privées. Mais ça devient également le cas pour les universités.
Si on peut parfaitement défendre l’idée que les «universités performantes» soient récompensées, notamment par des retombées financières issues de découvertes/inventions qui aboutissent à une commercialisation réussie, la tendance actuelle me semble contre-productive.
Il me paraît en effet indispensable que les universités restent prioritairement au service d’un intérêt général et soutiennent la recherches dans toute sa diversité. Mais ce n’est peut-être plus tout à fait la tendance aujourd’hui.

Le cas d’école : l’édition de gènes

La recherche médicale suscite indiscutablement des attentes immenses vu ses progrès récents et encourageants pour de nombreux patients : c’est, notamment, que le mystère des interactions entre les molécules et nos gènes se dissipe chaque jour un peu plus.
On entre en fait de plain-pied dans l’ère de la médecine personnalisée. Il s’agit dorénavant de développer des thérapies adaptées à chaque cas envisagé individuellement. Ainsi, on peut prédire aujourd’hui si une personne atteinte d’un cancer bénéficierait ou non d’une radiothérapie [2].
Plusieurs évolutions technologiques se trouvent au cœur de ce développement. Les techniques de séquençage deviennent sans cesse plus rapides et plus abordables. Les logiciels dits du «big data» analysent maintenant sans difficulté les masses de données issues de ces séquençages. Enfin, les outils du génie génétique agissent depuis peu à la molécule près.
Une technologie génétique focalise plus particulièrement toutes les attentions : CRISPR-Cas9. Pour faire simple, il s’agit d’un moyen de modifier un génome avec une précision et une flexibilité jamais atteinte. On la décrit à juste titre comme révolutionnaire tant les voies thérapeutiques qu’elle ouvre apparaissent immenses [3] [A]  [A] Notons que sa «simplicité d’usage» suscite également de nombreuses interrogations éthiques (terrorisme biogénétique, eugénisme, etc.), mais ceci dépasse largement le cadre du présent billet..
Mais les recherches basées sur CRISPR-Cas9 pourraient souffrir d’une bataille juridique [4]. Deux équipes américaines ont en effet déposé quasi simultanément un brevet ad hoc. Leurs universités respectives s’affrontent depuis devant les tribunaux. Concrètement, devant les retombées financières attendues, l’intérêt général et la recherche scientifique risquent de passer au second plan.

En route vers une recherche médicale à deux vitesses ?

L’argent est depuis longtemps le nerf de la guerre en recherche médicale comme dans tant d’autres domaines scientifiques. Il faut dire que le développement de nouveaux traitements de pointe, en particulier ceux issus des biotechnologies, demande souvent des moyens considérables.
Une étude de 2004 s’est intéressée aux conditions de mise sur le marché américain de nouveaux médicaments [5]. Elle estime notamment son coût moyen, depuis la recherche fondamentale jusqu’à l’acceptation par la FDA, à $802 millions [B]  [B] L’étude se concentrant sur le marché américain, il faut ajouter à cela les coûts d’acceptation par d’autres agences de régulation (Europe, Japon, etc.). Il faut également y adjoindre les frais de marketing, dont l’organisation de «colloques scientifiques» à destination des médecins-prescripteurs.. Et le processus complet prend en moyenne de 9 à 12 ans.
L’étude indique également que seulement 21,5% des recherches aboutissent à une commercialisation [5]. De plus, l’abandon d’une recherche se produit en moyenne au bout de 4,7 années. Comme l’écrivent sobrement les auteurs : «Une entreprise poursuivra seulement le [développement de] composés s’il existe une attente raisonnable qu’un marché existe» [5].
Parallèlement, les dépenses publiques n’évoluent pas en conséquence. Non seulement les budgets de recherche n’augmentent pas proportionnellement en amont, mais les mécanismes publics de prise en charge des traitements coûteux diminuent à mesure que «les économies» sont faites dans les sécurités sociales (du moins là où elles existent). Le résultat est une forme de privatisation de la recherche.
Celle-ci s’incarne d’abord par les initiatives commerciales. Le financement se fait alors, en partie au moins, grâce à des actionnaires qui attendent, fort logiquement, un «retour sur investissement». On comprend mieux dès lors les craintes de certains qu’une brevetabilité trop limitée des biotechnologies impacte négativement la mise au point de nouveaux traitements.
Surtout, la poursuite d’une rentabilité substantielle s’impose aujourd’hui à la majeure partie des très grandes entreprises, entre autres celles du secteur pharmaceutique. Il y a donc réellement un risque que certains traitements, financés principalement par des investissements privés et moins (voire pas du tout) remboursés par les mécanismes de solidarité, ne soient accessibles qu’aux familles plus aisées.
Mais la privatisation se matérialise aussi à travers la philanthropie, surtout développée dans le monde anglo-saxon [C]  [C] Dans la plupart des pays d’Europe continentale, cette tradition n’existe quasi pas.. Mark Zuckerberg et son épouse vont, par exemple, investir $3 milliards durant les dix prochaines années dans un projet qui vise à éradiquer ou à gérer toutes les maladies d’ici la fin du siècle [6].
On ne peut évidemment que saluer les dons de certains en faveur de la recherche en général, et des découvertes médicales en particulier. Mais j’ai des craintes si cette forme de financement devient une substitution plutôt qu’un complément aux investissements publics. J’y vois en effet deux risques principaux.
Tout d’abord, celui que les plus fortunés orientent la recherche médicale vers les priorités qui les touchent le plus. Si on parfaitement le comprendre sur un plan purement humain [D]  [D] De quel droit pointerions-nous du doigt des personnes qui souhaitent financer la recherche d’un traitement pour une maladie dont l’un de leurs proches serait malheureusement porteur ?, cela pose question en matière de santé publique. L’addition de choix particuliers n’aboutit en effet pas souvent à une stratégie globale cohérente.
D’autre part, les financements risquent d’être drainés vers les recherches les plus «sexy». Prenons le projet de Mark Zuckerberg : il vise à développer de nouveaux outils et des technologies innovantes [6]. On retrouve ici l’habitus de la Silicon Valley : l’idée que la solution à tout problème se trouve dans les nouvelles technologies.
Mais on sait depuis longtemps que maladies et pauvreté sont liées [7]. De nombreuses pathologies faisant des dégâts dans des zones pauvres sont bénignes dans les pays riches où l’accès aux vaccins est quasi généralisé.
De même, comme le rappelle un récent éditorial de Science, il y a des interactions entre les gènes et l’environnement [8]. Les victimes de la mauvaise qualité de l’air dans les pays industrialisés constituent un bon exemple. Elles habitent principalement près des usines polluantes et sont issues des couches moins favorisées.
En d’autres termes, en matière de santé publique, une politique sociale est fréquemment tout aussi importante que la recherche médicale. Pas sûr qu’une telle évidence épidémiologique suscite l’engouement philanthropique des milieux les plus aisés. Généralement mieux formés, ils se passionnent plus facilement pour l’innovation «high tech».
Reconnaissons que des financements publics existent encore aujourd’hui pour soutenir de nombreux domaines de recherche. Pensons simplement au CERN ou encore à la recherche spatiale. Mais il ne fait aucune doute non plus que ceux-ci ne sont pas à la hauteur des enjeux actuels, et qu’on assiste à une marchandisation larvée de la recherche.

Le productivisme universitaire

Pour comprendre cette tendance, il convient de revenir quelque peu en arrière avec le tournant néolibéral des années 1980 amorcé lors des arrivées au pouvoir de Ronald Reagan et Margaret Thatcher. L’idée à la mode alors, et toujours en vogue aujourd’hui, est qu’il faut appliquer aux organisations publiques les techniques de management du privé [9].
Progressivement, on va remplacer l’autonomie professionnelle des chercheurs par des indicateurs quantitatifs censés objectiver la qualité de la recherche et de l’enseignement [10]. Les classements des universités, les «impact factors» et autres «H-Index» incarnent ce productivisme appliqué au secteur académique.
Je ne critiquerai pas ici ces indicateurs. Un billet n’y suffirait d’ailleurs pas. Les lecteurs non académiques trouveront de toute manière évident qu’il est ridicule de chercher à quantifier la recherche qui vise, par nature, à faire ce qui n’a encore jamais été réalisé. Quant aux lecteurs académiques, pas sûr que cela servirait à quelque chose tant ils ont intégré cette idéologie au plus profond de leur Être…
Par contre, je dois expliquer que ce productivisme fanatique impacte négativement la recherche.
Tout d’abord, la pression n’a jamais été aussi forte sur les jeunes chercheurs [11, 12]. Ils se consacrent désormais moins à la recherche proprement dite, et passent plus de temps à introduire des demandes de financement et à répondre aux attentes bureaucratiques.
Ensuite, avec l’intronisation des indicateurs comme principaux éléments d’évaluation, les chercheurs privilégient en effet souvent la publication d’articles dans les revues «bien cotées».
Ils sont de plus tentés de s’intéresser principalement aux sujets de recherche «à la mode», lesquels se concentrent surtout autour des avancées technologiques [E]  [E] Si cette tendance est forcément moins développée en sciences humaines, elle y est pourtant bien présente.. Donc, non seulement l’approche technologique attire les financements privés, mais les dynamiques propres au milieu universitaire tendent à la favoriser également.
Cette tendance se retrouve en partie renforcée par le fait que beaucoup de chercheurs les plus en vue sont aussi issus des milieux favorisés [13]. Or, comme je l’ai indiqué ci-dessus, ceux-ci sont «naturellement» plus appâtés par des approches basées sur l’innovation «high tech».
Du coup, on assiste à la production des mêmes types d’articles, sur les mêmes thématiques, avec les mêmes méthodologies et publiés dans les mêmes revues. Pour le dire autrement, l’innovation scientifique fait trop souvent place à l’homogénéisation académique.
Je ne critique évidemment pas les technologies. Comme je l’ai expliqué plus haut, le domaine médical actuel démontre l’importance de la dimension technique dans la recherche moderne [F]  [F] J’ai par ailleurs argumenté dans mon billet de juillet-août dernier que je trouvais injuste que toutes les personnes ayant contribué à la réalisation des expériences qui confirment l’existence du Boson de Higgs n’aient pas été récompensées.. Je m’inquiète simplement que toutes les forces en mouvement orientent les chercheurs vers un ensemble somme toute limité de recherches.

La marchandisation de la recherche

Je suis d’autant plus effrayé que le monde académique s’inscrit aujourd’hui de plus en plus dans une logique de marché. Cette marchandisation de la recherche s’articule autour d’un double tendance.
En amont, les scientifiques se livrent une concurrence acharnée pour obtenir les ressources indispensables à leurs recherches. Les budgets récurrents ont été progressivement remplacés par des «appels à projets». Les sujets de recherches sont ainsi soumis aux mécanismes du marché. Et les chercheurs se retrouvent désormais dans une compétition permanente avec leur voisin de palier.
En aval, on exhorte continuellement les chercheurs au dépôt de brevets et à la création de spin-offs. Si la valorisation de la recherche rentre bien entendu dans les missions des universités, sa marchandisation pose des questions. En particulier, est-il normal que des recherches financées par le public fassent l’objet d’une commercialisation par quelques-uns ?
On peut parfaitement admettre que la transformation d’une recherche en produits commercialisables nécessite du travail et du capital qu’il faille rémunérer. Mais dès lors que toute innovation est le produit d’une infrastructure de recherche largement financée par les pouvoirs publics, comment justifier la captation de la valeur ajoutée par une minorité ?
En matière de recherche médicale, il y a un risque que les patients déboursent deux fois pour un même traitement. Tout d’abord, en tant que citoyens en payant leurs impôts qui servent partiellement à financer la recherche fondamentale. Ensuite, lorsque des frais supplémentaires engendrés par ce traitement se retrouvent à charge des malades.
Les universités tentent certainement de diversifier leurs sources de financement dans une période de déclin des investissements publics. À cela s’ajoute la concurrence qu’elles se livrent, due en partie à la mobilité des chercheurs les plus qualifiés et des étudiants les mieux nantis. On peut le comprendre.

Le capitalisme académique

Pour autant, je crains réellement qu’on ait «changé de logiciel». On assiste en effet depuis quelque temps à l’émergence d’un nouveau modèle que certains nomment le «capitalisme académique».
À la fin du XIXe siècle, l’institution universitaire se construit sur le modèle humboldtien. La société lui assure une certaine indépendance financière, à charge pour elle de contribuer à un régime de connaissances et de formations conçues comme un bien public.
Mais en 1980, les États-Unis changent la donne avec le Bayh-Dole Act. Les connaissances développées au sein du champ universitaire, jusque là considérées comme relevant du domaine public, sont progressivement perçues comme de la matière première apte à créer des marchandises commerciales. Les connaissances et les formations seront désormais des biens privés.
L’évolution dans les années 1990 est éloquente. Les entreprises américaines y représentent 45% des fonds alloués à la recherche biomédicale [14]. Quant aux universités américaines, elles augmentent leurs dépenses de recherche tout en diminuant leurs dépenses d’enseignement [15].
On assiste également à la multiplication des brevets déposés par les universités, une exception au début des années 1980. C’est le passage d’une recherche universitaire dans laquelle la propriété intellectuelle ne joue aucun rôle à une recherche universitaire où elle est omniprésente. Il est parfois interdit de publier afin de permettre le dépôt de brevets.
Ce modèle né aux États-Unis se généralise à l’ensemble du monde occidental. On le voit partout à l’œuvre : augmentation des minervals [G]  [G] On assiste à une explosion des frais d’inscription. Un étudiant américain s’endette très souvent pour plusieurs années pour financer sa scolarité. Un phénomène que l’on commence malheureusement à rencontrer en Europe continentale., multiplication des cursus sans intérêt visant à harponner des étudiants-consommateurs, déploiement aveugle des MOOC, ouverture d’antennes dans les riches pays du Golfe, etc.
Les étudiants n’échappent d’ailleurs plus à cette marchandisation tous azimuts. Adam Steege, diplômé de l’université Columbia en 2012, s’est ainsi vendu pour €45.000 à des actionnaires pour financer ses études [16] ! Ces derniers recevront 6% de ses revenus pendant 10 ans.

Un nécessaire rééquilibrage

Il convient bien entendu de ne pas caricaturer. La majeure partie des chercheurs tentent réellement de servir l’intérêt général, et la plupart des universités financées par l’argent public essayent sincèrement de répondre aux besoins sociétaux. Mais les nuages noirs s’amoncellent dans le ciel académique.
Les politiques «de rigueur» amènent les États démocratiques à diminuer leurs investissements dans les services publics, dont les universités. Un nombre sans cesse croissant d’entre-elles rencontrent les pires difficultés à gérer l’augmentation du nombre d’inscrits.
Des pans entiers de recherche sont abandonnés faute de moyens et de soutiens. Ainsi, à force d’être exclus des revues anglo-saxonnes dominantes et de se retrouver marginalisés dans les instances de décision, les économistes hétérodoxes sont progressivement éradiqués de l’université [17].
Parallèlement, le capitalisme reste à l’affût de toute opportunité permettant d’étendre son champ d’application. On sait qu’il s’est toujours nourri des évolutions technologiques [18]. La recherche universitaire est donc une «proie de choix».
La course à la publication dans les revues scientifiques conduit à l’uniformisation des profils académiques. Seuls les techno-scientifiques ont une chance d’y exister. Je crois pourtant qu’il est tout aussi important de mener des recherches moins sur-spécialisées et plus holistiques. Certes, cela n’aboutit pas à des tonnes d’articles, mais ce serait néanmoins bien utile, notamment au débat public.
Les universités disposent évidemment encore d’une certaine autonomie. Elles peuvent mener d’autres politiques et favoriser une plus grande diversité académique. Il faudrait pour cela que les autorités académiques lèvent un peu les yeux de leurs classements stupides, et scrutent l’avenir pour revigorer le modèle humboldtien. Mais ceci est une autre histoire…

Références

[1] Heidi Ledford, « US personalized-medicine industry takes hit from Supreme Court », Nature, 536(7617), p. 382, 2016.

[2] Elie Dolgin, «Using DNA, radiation therapy gets personnal», Science, 353(6306), p. 1349, 2016.

[3] Virginia Gewin, «Medicine: Expanding possibilities», Nature, 528(7580), pp. 10–11, 2015.

[4] Jacob S. Sherkow, «CRISPR: Pursuit of profit poisons collaboration», Nature, 532(7598), pp. 172–173, 2016.

[5] Michael Dickson & Jean Paul Gagnon, «Key factors in the rising cost of new drug discovery and development», Nature Reviews Drug Discovery, 3(5), pp. 417–429, 2004.

[6] Erika Check Hayden, «A $3-billion plan to cure disease», Nature, 537(7622), p. 595, 2016.

[7] Michael Eisenstein, «Disease: Poverty and pathogens», Nature, 531(7564), pp. 61–63, 2016.

[8] Jeremy Berg, «Gene-environment interplay», Science, 354(6308), p. 15, 2016.

[9] Bruno Trentin, La Cité du travail: La gauche et la crise du fordisme, Fayard, 2012.

[10] Chris Lorenz, «"L’économie de la connaissance", le nouveau management public et les politiques de l’enseignement supérieur dans l’Union européenne», dans Les ravages de la "modernisation" universitaire en Europe", Christophe Charle & Charles Soulié (éd.), pp. 33–52, Éditions Syllepse, 2007.

[11] Brendan Maher & Miquel Sureda Anfres, «Under pressure», Nature, 538(7626), pp. 444–445, 2016.

[12] Kendall Powel, «Young, talented and fed-up», Nature, 538(7626), pp. 446–449, 2016.

[13] Jane J. Lee, David Cyranoski, Elizabeth Gibney, Jeff Tollefson, T. V. Padma, Quirin Schiermeier & Linda Nordling, « Is science only for the rich? », Nature, 537(7621), pp. 460–70, 2016.

[14] Sheila Slaughter, & Larry L. Leslie, Academic Capitalism: Politics, Policies, and the Entrepreneurial University, Johns Hopkins University Press, 1999.

[15] Sheila Slaughter & Gary Rhoades, Academic Capitalism and the New Economy: Markets, State, and Higher Education, Johns Hopkins University Press, 2010.

[16] Laura Raim, « Devenez actionnaire… d’un individu », Le Monde diplomatique, 61(725), p. 20, 2014.

[17] Christian Chavagneux, «Les autocrates de la pensée économique dominante», Alternatives Economiques, 357, p. 18, 2016.

[18] Bernard Maris, L’avenir du capitalisme, Les liens qui libèrent, 2016.